Miscanthus : une plante écologique pour faire des économies sur le chauffage

En Alsace, la commune de Berrwiller a trouvé une solution innovante pour faire des économies sur la facture chauffage. La plante de Miscanthus remplace le bois, le fioul ou l’électricité et permet de se chauffer à juste température. Une alternative écologique et économique.

Miscanthus : une graminée utilisée pour se chauffer à Berrwiller en Alsace

En Alsace, près de Mulhouse, le Miscanthus fleurit abondamment. Dans cette commune de 1.200 habitants, cette plante écologique est utilisée comme combustible pour le chauffage de bâtiment. Elle remplace le bois qui prend environ 50 ans pour repousser, explique le maire actuel de Berrwiller, Patrick Baud. Dans sa commune, le Miscanthus, cette graminée rhizomateuse originaire de l’Asie, domine un vaste champ de vingt-sept hectares. Il se récolte tous les ans. En 1993, Berrwiller avait sa première parcelle de Miscanthus. Cette commune de l’Alsace faisait partie des premières à cultiver cette plante en France. Aujourd’hui, il y en a un peu partout. Mais à Berrwiller, c’est une douzaine d’agriculteurs qui s’occupe de la culture de Miscanthus. La récolte est vendue à 110 euros la tonne. Elle permet de chauffer les bâtiments publics et approximativement 70 logements de la commune alsacienne.

Photographie SEBASTIEN SAUGUES, PATRICK HERTZOG / AFPTV / AFP©

Un combustible écologique et innovant pour le chauffage

Connu pour ses propriétés assainissantes, le Miscanthus était au départ utilisé pour abaisser le niveau de nitrates de l’eau, avant de devenir un véritable combustible pour le chauffage. Cette plante écologique possède en effet de nombreuses propriétés, dont des propriétés énergétiques. Tout d’abord, le miscanthus permet de produire de la biomasse. La biomasse est une matière organique qui peut être transformée en énergie, telle que la chaleur ou l’électricité. Le Miscanthus possède également un rendement énergétique élevé et peut être utilisé comme source d’énergie renouvelable pour sortir de la dépendance aux combustibles fossiles. Mais ce n’est pas tout, l’utilisation du Miscanthus comme combustible est aussi favorisée par sa facilité de stockage. Une fois récolté et séché, le Miscanthus peut être entreposé pendant de longues périodes sans détérioration.

Un tarif moins cher que le fioul, le bois et l’électricité

Ainsi, il y a une dizaine d’années, vient l’idée de récolter cette plante écologique et l’utiliser en biocombustible pour le chauffage communal. Le Miscanthus a permis de chauffer la chaudière communale à place de la plaquette de bois. Plus tard, il a été utilisé pour chauffer des bâtiments publics comme les écoles et les églises. Depuis peu, la plante assure le chauffage de certains logements. Le maire de Berrwiller se félicite d’avoir proposé le biocombustible à certains habitants. Aujourd’hui, la commune propose le kilowatt de chauffage au Miscanthus à un tarif de 0,077 centime. Un tarif bien plus économique que d’autres produits comme l’électricité, le fioul ou encore le gaz, surtout en cette période de crise énergétique, renchérit le maire.

Le meilleur rapport qualité-prix en termes d’énergie

Pour les habitants de Berrwiller en Alsace, ce biocombustible est une bonne affaire. Damien Monnier, propriétaire d’une maison raccordée à ce système de chauffage, avoue avoir été au départ inquiet, mais ne regrette pas sa décision de se chauffer avec le Miscanthus. Pour l’alsacien, c’est le meilleur rapport qualité-prix qu’il n’a jamais eu en matière de chauffage, témoigne-t-il en se disant serein par rapport à l’inflation et la crise énergétique. En effet, le propriétaire débourse environ 1.500 euros pour le chauffage et l’eau chaude de son logement de 180 m². Se raccorder à un système de chauffage par Miscanthus lui a permis de faire des économies, non seulement sur sa facture énergétique, mais aussi sur sa consommation d’énergie. Preuve que de nombreuses solutions existent.

Une matière exploitable en tant qu’isolant de bâtiment

Son prix stable n’est pas le seul intérêt du Miscanthus. Cette plante écologique est pérenne : elle pousse toute seule, sans engrais ni produits phytosanitaires selon le maire. Connue sous le nom d’herbe à éléphant, la haie de Miscanthus pousse rapidement et atteint une hauteur impressionnante en si peu de temps. Avec une bonne conduction de chaleur, ses tiges peuvent être transformées en panneaux isolants, au même titre que le chanvre. Pour le maire de Berrwiller en Alsace, le Miscanthus propose de nombreux débouchés : chauffage, paillage horticole, litière animale, biomatériaux, mais aussi isolation thermique. Le maire compte l’utiliser comme isolant dans la rénovation thermique des bâtiments. Cela ouvre des opportunités pour le développement de nouveaux secteurs économiques et permet aussi d’encourager la transition vers une économie circulaire.

Une plante respectueuse de l’environnement

Outre le chauffage et l’isolation, on parle aussi de la plante de Miscanthus pour ses propriétés dépolluantes. Selon Sonia Henry, maître de conférences Laboratoire Sols et Environnement, cette graminée écologique dépollue les sols des hydrocarbures. Doté d’une capacité d’absorption de dioxyde de carbone, le Miscanthus joue un rôle important dans la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre. Ce qui en fait un choix respectueux de l’environnement et qui contribue à la lutte contre le changement climatique. En outre, en termes d’agriculture, le Miscanthus possède des racines profondes et robustes qui améliorent la structure du sol et luttent contre l’érosion. Mais en plus, le Miscanthus a la capacité de s’adapter à beaucoup d’environnements, notamment à des sols en friches industrielles qui sont contaminés, selon des experts. Dans l’agriculture il existe de nombreuses solutions en termes de transition énergétique, l’agrivoltaïsme en est une autre.

Une filière qui a de l’avenir dans les thématiques industrielles

Selon France Miscanthus, association qui a pour objectif de structurer la filière, la culture de la plante a doublé de 2010 à 2017. 11.000 hectares sont aujourd’hui cultivés en France métropolitaine. L’intérêt de la population pour la plante s’agrandit, assure le maire de Berrwiller en affirmant que beaucoup de gens viennent voir comment la commune travaille le Miscanthus pour en faire un combustible. Le jour de récolte, des étudiants de Metz qui travaillent sur la durabilité et la diversification des entreprises agricoles viennent visiter la commune. Pour Guillaume Dubaux, encadreur à Metz, cette plante a de l’avenir sur les thématiques industrielles comme le bioplastique. Pour Hervé Lapie, agriculteur dans la Marne, le Miscanthus se développe et fait partie des alternatives comme le chanvre. Il représente des débouchés intéressants aussi comme biocombustible.

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Avec ETX / DailyUp

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